Arrivé à Dôme C…. (Vincent)

Je suis parti dimanche 15 décembre de la base de Cap Prud’homme avec pour destination la base de Concordia au Dôme C. Lors des 5h de montée en avion, la prise d’altitude se fait sentir. On manque un peu d’oxygène et le mal au crâne typique du mal des montagnes apparaît.
Parler de montagne en évoquant Dôme C peut paraître risible car ce site est plat comme le pays cher à Jacques Brel, mais le site est situé à 3200 m d’altitude. En raison de la raréfaction de l’air aux pôles par rapport à nos latitudes, la pression est ici bien moindre.
Nos montres altimètres, programmées pour fonctionner en France, indiquent une valeur qui oscille entre 3600 et 4000 m d’altitude. Imaginer que l’on va dormir, manger, travailler au sommet de l’aiguille du midi rend tout de suite plus tangible la notion de mal des montagnes.

A la sortie de l’avion, le thermomètre indique -27°C et la température ressentie est de -34°C. C’est l’été ici comme le reflète l’activité de la base. Les gens s’affairent un peu partout autour de l’avion. Étonnamment, le froid ne vous saisit pas. L’air est sec, ce qui rend une température de -27°C très supportable, je ressens même le besoin d’ouvrir ma grosse veste à la sortie de l’avion. C’est l’été… rien à
voir avec les températures hivernales, qui descendent jusqu’à -80°C, au cours de la nuit polaire. Le soleil est encore bien haut dans le ciel alors qu’il est déjà 20:30. Il ne se couchera pas avant plusieurs semaines.
L’absence d’humidité dans l’air est frappante. Nous avons rapidement la gorge sèche et de légers saignements de nez. Cette situation est paradoxale, alors que nous sommes entourés d’eau à l’état solide. La continentalité du lieu, et surtout les faibles températures, font de l’intérieur de l’Antarctique un désert : plus l’air est froid, moins il contient d’humidité. Toutefois, la faible quantité de neige qui tombe sur ce site (8 cm d’accumulation par an environ) ne fond jamais. Les couches de neige s’accumulent d’année en année jusqu’à former une calotte de glace épaisse de 3200 m au niveau du dôme. La glace recouvre tout ! Aucun sol, aucune plante, aucun sommet, aucun animal… enfin si : « l’homme », qui ne peut survivre ici qu’à l’aide d’une importante production d’énergie pour assurer le chauffage des
bâtiments, la production d’électricité et d’eau liquide. Acheminer jusqu’ici les moyens de production de cette énergie est le nerf de la guerre.
A la sortie de l’avion, si je n’étais glaciologue, je pense que je me demanderais ce que je viens faire dans un endroit pareil ! Mais pour un glaciologue, c’est un MUST, un haut lieu de la science. Ce lieu aux allures extraterrestres est une mine d’or. Nous en reparlerons…

Les tours de la base de concordia
Panneau à l’entrée de la base
écran présentant les conditions météorologiques au dôme C